Ici et Ailleurs…                                                 

Présentation des courts métrages et des textes courts

Les cinq courts métrages

Le film de Sami

D’un quartier à un autre, d’un pays à un autre, les rêves d’un jeune footballeur n’ont pas les mêmes chances de se réaliser. Si le talent est indispensable à la carrière d’un sportif de haut niveau, d’autres éléments rentrent en ligne de compte. Nazim va expérimenter les contraintes et les victoires qui le mèneront de Hussein Dey à son propre cœur.

Nazim a 14 ans. Il vit en Algérie et rêve d’entamer une carrière de footballeur professionnel. Son entourage ne croit pas à son projet. Sauf son cousin Sami, qui a 12 ans et vit à Pierre-Bénite. Grâce à son aide, Nazim va rencontrer un recruteur d’un grand club. Indépendamment de la volonté des deux cousins, cette rencontre doit avoir lieu au moment même où se prépare le mariage dans la famille. Les complications qui vont surgir amèneront Nazim à se questionner sur ce qui a le plus d’importance pour lui et sur la manière d’atteindre son rêve.

Le film de Ali

L’Histoire voit se répéter les mêmes drames de la colonisation. Sentiment d’injustice, résignation, colère, haine,… De l’Algérie à la Palestine, Ali invite à un voyage où le vrai chez soi est l’endroit où l’on construit la paix.

Ali a 65 ans. Il vit à Pierre-Bénite. Il participe activement aux manifestations pour la paix en Palestine. Il y a rencontré un jeune Palestinien, Karim qui a 20 ans. Karim souffre de voir son pays dans une telle situation. Au point de croire que la violence est la seule issue. Ali va se servir de sa propre histoire de gamin pendant la guerre d’Algérie pour ouvrir la voie du dialogue.

 

Bentek men tah nia (Ta fille est comblée) – film de Houda

Robe blanche, dragées, plan de table. Camilia s’active pour les préparatifs. Mezoued, kessoua, henné. Cérémonie française ou cérémonie maghrébine ? La famille s’y perd, impose. Camilia résiste. Que va-t’on dire dans le quartier ?

Camilia a 25 ans. Elle vit à Pierre-Bénite. Elle s’apprête à épouser Jibril. Tunisien comme elle. Camilia a conçu une fête à l’image de la double culture dans laquelle elle vit et souhaiter continuer de vivre. L’arrivée d’une tante de Tunisie va cristalliser toutes les oppositions de la famille qui juge le mariage trop loin des traditions. Abandonnée de tous, y compris de son fiancé, Camilia va devoir faire des choix qui dépassent l’organisation du jour censé être le plus beau de sa vie.

 

De l’ombre à la lumière – film de Nourdine

Construire une vie de couple n’est déjà pas une mince affaire. Tenter l’aventure lorsque l’autre n’a pas la même culture est un pari encore plus fou. Où se trouve le remède pour amener l’autre à être un peu moins autre et un peu plus proche de soi ? Martine va découvrir que le changement attendu ne commence pas là où elle le croit.

Martine a 40 ans. Elle vit à Pierre-Bénite. Elle entretient, depuis deux ans, une relation amoureuse avec Amine. La quarantaine, artiste musicien, maghrébin. Martine est prête à s’engager dans une vie à deux. Lui, non. Elle ne comprend pas la crise que traverse son ami et qui les mène à la rupture. Souhaitant réussir sa vie amoureuse, Martine va entamer des échanges qui mettront en lumière les étiquettes que chacun subit et fait subir. De cette réflexion naîtra une transformation essentielle à la vraie rencontre.

 

La mutation – film tiré d’un texte de Salamette

Les sans abris. Qui pourrait avoir envie de venir vivre dans un immeuble qu’on appelle les sans abris ? Y-a-t’il au moins un toit, des murs ? Les occupants, sont-ils tous des clochards ?

Une jeune femme s’apprête à déménager avec son mari et ses deux filles. Elle va quitter les « sans abris » de son enfance pour un appartement luxueux. Elle se souvient. Avec émotion.

 

 

Les textes courts

Ici et Ailleurs… c’est autant de voyages que de :

  • quitter son pays, vivre dans son quartier, apprendre la patience, mourir, se parler sans s’écouter, rentrer au lycée…

Extraits

 « J’avais tellement mal que je ne me suis pas retournée pour vous faire un petit signe. Je ne voulais pas vous voir pleurer. Dès que j’ai eu passé la douane, il était déjà l’heure d’embarquer. Dans l’avion, j’ai été accueillie par une belle hôtesse de l’air qui m’a conduite à mon siège près du hublot.

Quand l’avion a commencé à décoller, j’ai regardé mon île natale, mon Ile Maurice, s’éloigner. Plus l’avion prenait de l’altitude, plus l’île n’était qu’un petit point au milieu de l’Océan Indien. La mer était d’un bleu turquoise. »

(Micheline)

« Elle sert une assiette de gratin à son mari.

  • C’est excellent, chérie. Tu nous épates tous les jours avec tes petits plats. Tu ne te sers pas ?
  • Je n’ai pas trop faim.
  • Tu as des choses à me dire, demande-t-il, inquiet.
  • Imagine que la fille de ton frère, qui a seize ans, soit enceinte, dit- elle avec hésitation.
  • Pourquoi, tu me parles d’Isa ? Elle est enceinte ? De qui ?

Il arrête de manger. Il regarde sa femme avec stupeur.

  • Mon frère me l’aurait dit. Tu l’as appris comment ? C’est Roger qui te l’a dit ? Anna doit être au courant, elle est toujours au téléphone avec sa cousine. Ce n’est pas possible. Mon frère me l’aurait dit.
  • Tu sais les jeunes filles sortent et cachent des choses à leurs parents. Ton frère ne sait peut-être pas tout sur sa fille.
  • Non, impossible. Nous avons reçu une bonne éducation et mon frère a donné la même à sa famille.
  • Ta nièce, ce n’est pas non plus une sainte. » (Salamette)

« Malgré la baie vitrée, la lumière n’arrive pas à éclairer le fond du couloir qui n’en finit pas. Au fond, je vois quelque chose que je n’arrive pas à définir. Une porte, un autre tableau ? Une fois les questions administratives passées, un détail vous fera penser que cela peut être beaucoup plus grave que vous ne le pensez. Des rendez-vous à répétition, des rencontres avec les médecins, les professeurs, les infirmières. Vous commencez à prendre conscience que vous êtes dans un hôpital. »

(Ali)

« Quand les mamas se mettaient à cuisiner on pouvait sentir les odeurs de leur plat rien qu’en mettant le nez par la fenêtre. Je m’amusais à deviner : couscous, pain arabe, riz basmati, maïs grillé, tajine marocain…..un pur moment de plaisir de pouvoir savourer les plats par leur odeur. Le bâtiment avait un nom les « Sans Abris » puis pour faire moins péjoratif « les Arcades ». Pour partir de cette cité, il fallait se marier pour les filles et les garçons ou être à la retraite pour les parents et rentrer au bled.

Ma famille avait emménagé dans l’allée 18 puis quelques années, plus tard la famille agrandie, nous avions du déménager. Mais juste pour aller dans l’allée 20, juste à côté.

Et là, papa s’est mis à peindre l’appartement. Quand il faisait sa peinture, il nous laissait jouer dehors dans la cour ma sœur et moi. Une couleur par pièce et je lui disais, tu fais le Picasso. La chambre des filles était rose, celle des garçons verte et l’autre bleu, le salon violet, la chambre des parents vert émeraude…. »

(Houda)

« C’est la rentrée des classes. J’arrive en seconde. Une nouvelle étape. Un nouveau pallier. Le lycée. Jusqu’ici, les adultes nous ont toujours parlé du lycée de la même façon.  « C’est un grand changement. Un très important tournant dans vos vies. Il faut s’accrocher et ne jamais baisser les bras. »Je paniquais un peu à l’idée d’affronter ce nouvel environnement mais je savais que pour réussir c’était une étape inévitable donc j’avançais sûre de moi. J’allais en classe, dans les escaliers, des centaines de visages que je n’avais jamais vus.  Je tourne à droite et j’aperçois cette fille souriante. Je ne la quitte pas du regard. Je m’approche d’elle. Distraite, je trébuche et je m’agrippe à elle par réflexe, pour éviter la chute  Elle me regarde, sourit de plus belle et me pousse. Je tombe. Elle rigole, je rigole à mon tour. Nous  partons chacune de notre côté et dix minutes plus tard, par le plus grand des hasards, je me retrouve assise à coté d’elle dans la même salle de cours. »

 (Zakia)

« Ses jumelles veulent un vélo. Elles travaillent bien à l’école. Elle voudrait les récompenser. Elles seraient d’accord pour partager le vélo. Elles partagent tout, les habits, les jeux, les livres et fournitures scolaires. Dans la plupart des familles, le partage c’est pour tout. Partager avec l’autre même peu, c’est un message des mamans. Partager, ça fait partie de la vie. .Mais là, elle ne peut même pas acheter un vélo. Le  plus grand des garçons a une moto. Mais cette moto, c’est pour les besoins de la famille. Au village, les moyens de transport, il n’en y a pas, alors celui qui peut avoir une moto, c’est une grande chose. Emmener un malade à l’hôpital, faire des courses, faire son marché, accompagner un proche, rendre visite à un autre qui habite loin. Elle apprend que dans le village, il y a un jeu dans l’épicerie d’Ammi Ali. C’est une épicerie pas loin de la maison. »

(Messaouda)